Mardi 28 août 2007 à 15:04

un joli poème que j'ai découvert dans le métro parisien... (enfin le 1er strophe)

Stances Galantes

Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer ;
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.

Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait
Et, lorsqu'on aime et que le cœur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.

Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire :
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère.
Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur !

Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on subir une plus douce loi ?
Qu'étant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre Amour agisse en roi ;

Rendez-vous donc, ô divine Amarante !
Soumettez-vous aux volontés d'Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.

Jean Baptiste Poquelin, dit MOLIERE (1622-1673)

Lundi 18 juin 2007 à 23:59

J'étais un petit bois de France

J'étais un petit bois de France
Avec douze rouges furets,
Mais je n'ai jamais eu de chance
Ah! que m'est-il donc arrivé?

Je crains fort de n'être plus rien
Qu'un souvenir, une peinture
Ou le restant d'une aventure,
Un parfum, je ne sais pas bien.

Ne suis-je plus qu'en la mémoire
De quelle folle ou bien d'enfants?
Ils vous diraient mieux mon histoire
Que je ne le fais en ce moment.

Mais où sont-ils donc sur la terre
Pour que vous les interrogiez,
Eux qui savent que je dis vrai
Et jamais je ne désespère.

Mon Dieu comme c'est difficile
D'être un petit bois disparu
Quand on avait tant de racines
Comment faire pour n'être plus?       

  Les fleurs du papier de ta chambre

Un matin sur le mur
C'est l'enfant qui s'éveille,
Elle a grand peur, allume,
Le papier de la chambre
A soi même est pareil,
Il veille et l'accompage.
Le pied touche le bois
Du lit toujours sérieux
Qui lui dit dans ses voix:

"Ce n'est pas encore l'heure encore
De partir pour l'école"
Anita se rendort
Dans le calme parfum
De son papier à fleurs
Dont les belles couleurs
Ignorent le repos
Dans la nuit, à tâtons,
Sans se tromper jamais.

Vivre ensemble

Ce qu'il faut de nuit
Au-dessus des arbres,
Ce qu'il faut de fruit
Aux tables de marbre,
Ce qu'il faut d'obscur
Pour que le sang batte,
Ce qu'il faut de pur
Au cœur écarlate,
Ce qu'il faut de jour
Sur la page blanche,
Ce qu'il faut d'amour
Au fond du silence.

Et l'âme sans gloire
Qui demande à boire,
Le fil de nos jours
Chaque jour plus mince,
Et le cœur plus sourd
Les ans qui le pincent.
Nul n'entend que nous
La poulie qui grince,
Le seau est si lourd

Ce dernier poème je ne l'ai pas appris quand j'étais plus petite...
Je l'ai trouvé sur le net en cherchant des images..
Je le trouve beau... espérons qu'il vous plaise...

Lundi 18 juin 2007 à 22:53

Automne

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison!
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison!

La vieille classe de mon père,
Pleine de guèpes écrasées,
Sentant l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

O temps charmants des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.

il me fait penser à la rentrée quand j'étais toute petite,
maisje n'ai jamais eu de guèpès écrasées sur ma table de classe lol

Celui qui entre par hasard

Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt
Il suffit qu'une lampe pose son cou  de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pin frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.

ça me donne envie de rentrer dans la maison d'un poète et voir toute sa maison s'animée sous ses idées qui sont restées gravées dans l'air

Lundi 18 juin 2007 à 21:44

Le Givre

Mon Dieu! comme ils sont beaux
Les tremblants animaux
Que le givre a fait naître
La nuit sur ma fenêtre!

Ils broutent les fougères
Dans un bois plein d'étoiles,
Et l'on voit la lumière
A travers leurs corps pâles.

Il y a un chevreuil
Qui me connît déjà;
Il soulève pour moi
Son front d'entre les feuilles.

Et, quand il me regarde,
Ses grands yeux sont si doux
Que je sens mon coeur battre
Et trembler mes genoux.

Laissez-moi, ô décembre!
Ce chevreuil merveilleux.
Je resterai sans feu
Dans ma petite chambre.

Lundi 18 juin 2007 à 20:48

Mars (1850)

Ah! que mars est un joli mois!
C'est le mois des surprises.
Du matin au soir dans les bois,
Tout change avec les brises.

Le ruisseau n'est plus engourdi;
La terre n'est plus dure:
Le vent qui souffle du midi
Prépare la verdure.

Le rossignol n'est pas venu
Rempli de douces notes,
Mais déjà sur le hêtre nu
Résonnent les linottes.

Par-dessus la haie en éveil,
Fier de ses fleurs écloses,
On voit le pêcher au soleil
Ouvrir ses bourgeons roses.

Gelée et vent, pluie et soleil,
Alors tout a des charmes;
Mars a le visage vermeil
Et sourit dans ses larmes.                                               
A la Mi-Carême

Le carnaval s'en va, les roses vont éclore;
Sur le flanc des coteux déjà court le gazon.
Cependant de plaisir la frileuse saison
Sous ses grelots légers rit et voltige encore,
Tandis que, soulevant les voiles de l'aurore,
Le printemps inquiet paraît à l'horizon.

Du pauvre mois de mars il ne faut médire,
Bien que le laboureur craigne justement;
L'univers y renaît; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s'y disputent l'empire.
Qu'y faire? Au temps des fleurs, le monde est un enfant,
C'est sa première larme et son premier sourire.

Le Petit Endroit (à Georges Sand)

Vous qui venez ici dans une humble posture
De vos flancs alourdis décharger le fardeau
Veuillez quand vous aurez soulagé la nature
Et déposé dans l'urne un modeste cadeau
Epancher dans l'amphore un couvant d'onde pure
Et sur l'autel fumant placer pour chapiteau
Le couvercle arrondi dont l'auguste pointure
Aux parfums indiscret doit servir de tombeau.

pour ceux qui ne le savaient pas, Alfred de Musset et Georges Sand étaient amants. je trouve juste bizarre de dédier ce genre de poème à celle qui partage plus que ses idées, c'était peut être une moquerie, à l'époque on embêtait par écrit aussi c'est pas mal non ?

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